Atelier "Sur la piste des cosmologies des vivants"
pour le Ouishare Fest
Juin 2021
Animation et conception d’un atelier d’observation d’autres formes de vie sur le site de La Prairie et autour. Au Ouishare Fest 2021 à la Prairie du Canal à Bobigny avec 12 participant.e.s.
Objectifs :
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Faire entrer d’autres formes de vie dans le champs d’attention des participant.e.s.
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Aiguiser les sens des participant.e.s à l'observation multi-sensorielle.
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Chercher à représenter des émotions et des sensations par des mots et des dessins au contact d’autres vivants.
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Autoriser un moment de non-jugement des créations, des sensations et des sentiments d'autrui.
Une cosmologie est, dans la définition la plus générale, un discours (logos) sur le monde (kosmos) [1]. En somme, nous parlons ici d'une manière de voir le monde.
Ainsi, depuis le printemps 2020, nous expérimentons différents exercices pour tenter de rentrer en discussion avec des mondes non-humains par le sensible. Comme une quête de reliance [2] avec des non-humains, nous travaillons sur l’attention portée aux autres vivants dans différents contextes pour chercher à nous relier autrement à d'autres formes de vie.
« Sur la piste des cosmologies des vivants » s’inscrit donc dans un processus de recherche-action autour de la question de l’enquête auprès d’autres formes de vie.
L'atelier du Ouishare Fest a été imaginé dans la poursuite de ce travail de recherche.
Ici, notre contexte est celui d'une friche en pleine ville et le temps est limité à 1h30 maximum pour l'atelier.
[1] D'après Augustin Berque dans "Cosmiser à nouveau les formes ? – plastie, architecture, mésologie", École supérieure d’art et de design de Valenciennes, 2016 (disponible ici)
[2] Religare, relier : (re)création ou renforcement de liens entre des acteurs sociaux. A la fois un “état” (de se sentir relié) et un “acte” ( de (se) relier). D'après Marcel Bolle De Bal, "Reliance, déliance, liance : émergence de trois notions sociologiques", De Boeck Supérieur, 2003 (disponible ici)
Déroulé (environ 1h30*) :
Accueil des participant.e.s et briefing
- Poser les objectifs de l'atelier et le contexte dans lequel il s'inscrit.
- Distribution du matériel : pochettes rigides, feuilles A4 et crayons-feutres.
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Temps 1, Dispersion et observation libre en solitaire (30 min)
- Dispersion selon les envies des participant.e.s dans le site ou ses alentours
- Se poser assis/débout/couché à un endroit pour observer d’autres formes de vie. Un moment proche de ce que vivent des passionnés d’ornithologie ou de photographie par exemple. À disposition, les feuilles et les crayons sont là pour noter ou dessiner tout ce qui vient à l’esprit au fur et à mesure de l'observation.
Rassemblement à la fin du temps 1
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Temps 2, Partage collectif (30 min)
- Se rassembler en cercle où un bâton de parole est disposé au milieu. En prenant le bâton, chacun.e s’exprime à sa manière sur ce qu’il a vécu avec l'aide ou non de ses notes/dessins, sans se faire couper la parole.
C’est un temps nécessaire car il permet de cristalliser et de discuter de la forme d’attention que chacun.e a porté à d’autres vivants, des micro-évènements, des perturbations, des questionnements (plus ou moins profonds), des sentiments, des sensations…
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Clôture de l'atelier et ouverture
*Nous recommandons un temps plus conséquent d'atelier afin d'allonger les moments d'observation et de partage (à peu près de manière équivalente avec un petit avantage pour l'observation)
Résultats
L'implication des participants a été très forte lors de l'atelier. Chacun.e a considéré prendre un temps "précieux". En effet, c'est une habitude rare pour les participant.e.s de prendre un moment pour s'arrêter, observer et sentir les différentes formes de vie qui les entourent.
Ce temps d'observation a permis à chacun.e de se concentrer sur les mouvements des espèces présentes et ainsi se rendre compte de la diversité des formes de vie présente dans la friche (insectes pollinisateurs, coléoptères, petite faune, oiseaux, grande diversité de flore...). Un soin tout particulier a été apporté par les participant.e.s à l'endroit où ils.elles se sont arrêté.e.s : où poser les pieds, les déchets et autres pollutions plus lourdes, les odeurs et sons présents...
En plus d'une expérience d'attention envers d'autres vivants, c'est une posture plus générale qui s'est développée chez les participant.e.s. Certain.e.s nous ont confié que l'atelier avait fait office d'espace de méditation pendant lequel le temps s'était détendu au contact d'autres vivants non humains (qui possèdent eux-mêmes leur propre temporalité et leur propre monde). L'envie de répliquer l'atelier de manière personnelle fut partagée par tous.tes en fin d'atelier.